Comme à chaque pandémie, l’infodémie se partage rapidement dans l’opinion publique aussi bien que la maladie. En Haïti et ailleurs, ces messages tendent à être considérés comme vrais. Ces derniers jours, des vidéos sur les réseaux sociaux tendent à faire croire que les vaccins anti covid contiennent des particules aimantées qui cachent une puce électronique.
C’est FAUX!
Vérifié avec Toma.ht
Dans une vidéo d’environ quatre minutes devenue virale sur les réseaux sociaux, un individu montre l’image de plusieurs femmes dont les bras attirent fer et aimant après avoir été vaccinées contre la Covid-19. L’auteur de la vidéo continue en invitant ses compatriotes à rejeter le vaccin. Il affirme que les vaccins en question contiennent des puces électroniques qui permettent de localiser toutes les personnes vaccinées.
Est-ce possible d’injecter des aimants (Puce électronique) à travers les vaccins anti-covid ?
Des spécialistes apportent des précisions
Dans une entrevue accordée au journal Le Parisien, le professeur de virologie à l’université la Sorbonne, Vincent Maréchal, a précisé qu’il n’existe aucun principe physique qui permettrait d’aimanter la partie du corps où l’on injecte un vaccin. Il a souligné que l’accumulation de particules métalliques nécessaire pour coller un aimant ne pourrait jamais être inoculée par une seringue, aux aiguilles extrêmement fines.
Pour professeur Maréchal, l’idée que les vaccins contiennent des particules aimantées pourrait être attribuée à des adjuvants de sels d’aluminium, rajoutés dans certains vaccins, dont ceux contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et l’hépatite, pour stimuler la réponse immunitaire.
Toutefois, il faut signaler que la majorité des vaccins contre le coronavirus n’en contiennent pas, selon l’immunologue au CNRS, Morgane Bomsel. « Les vaccins Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Johnson & Johnson, Sputnik et Curevac sont en effet exempts de toute trace d’adjuvants, alors que ceux développés par Sanofi, Novavax, Sinovac et Sinopharm pourront eux en contenir sans qu’ils ne soient nécessairement aluminiques », a-t-il indiqué, tout en faisant remarquer que le métal en question, l’aluminium, n’est pas magnétique.
comment fonctionne un aimant?
Pour le physicien et professeur des universités à Paris-Saclay, Julien Bobroff, dans une interview à Le Figaro, pour que deux aimants s’attirent ils doivent être de pôle opposé (Nord-Sud). Cependant, il a signifié pour que cela soit possible, il faut tout de même que « ces aimants soient assez gros ». Or, dans l’hypothèse où celui-ci serait injecté avec le vaccin, à travers une aiguille, cela est «impossible, du point de vue de la physique », que ces derniers s’attirent, suivant les dires du professeur.
S’agissant des puces qui serait cachées dans les aimants selon la clameur publique, Julien Bobroff a expliqué les puces ne sont même pas magnétiques, c’est-à-dire elles n’ont pas d’aimant,elles « sont faites de cuivre et de silicium ». « Même si ces puces étaient magnétiques » (ce qui n’est pas le cas), « même si elles étaient nano (très petites) et passaient dans le trou de l’aiguille » (ce qui n’est pas non plus le cas), « dans tous les cas ça ne permettrait pas de tenir un gros aimant », a soutenu le scientifique.
Toutefois, Éric Palm, physicien britannique, en faisant notamment référence au tour de magie de la pièce de monnaie, a reconnu que cette dernière, « en raison du gras à la surface de l’épiderme et de la tension de surface », peut coller sur le front. Et, « quelqu’un pourrait aussi tricher avec de la colle restant d’un pansement, ou une autre substance collante », a-t-il enchainé. En effet, l’individu en question peut passer un tout petit peu d’huile sur son bras, sans que cela soit visible à la caméra, pour faire attacher un aimant léger.
L’auteur de l’une des vidéos rétracte
Entre autres, les vidéos sont fausses. En Angleterre et en France, des individus ayant posté ces formes de vidéo ont déjà fait le retrait de leur publication. Ils ont reconnu avoir fait circuler de fausses informations. C’est le cas de Emily, une Anglaise dont la vidéo a fait le buzz sur TikTok. Dans une interview accordée à la BBC, citée par le Parisien.fr, l’influenceuse a ainsi reconnu « avoir léché le magnet avant de le poser sur son bras ou elle venait de recevoir une injection.Ne supportant pas l’idée que des personnes puissent être réticentes face au vaccin à cause d’elle, elle a fini par la supprimer ».